Trop de visites inappropriées aux urgences

Près de six visites aux urgences sur dix, soit 56% des 1,9 million de visites en 2008, étaient "inappropriées", selon une étude présentée lundi par la Mutualité socialiste. Pour faire face à l'engorgement des services d'urgences, elle propose une série de mesures.

Ainsi, moins d'une urgence sur deux (44%) s'avère "appropriée" (selon les critères de la Mutualité socialiste, lorsque qu'il s'agit de recours référés via le médecin généraliste (MG) ou le 100, d'urgence suivie d'une hospitalisation, d'urgence avec salle de plâtre, d'un patient décédé le jour même, d'urgence psychiatrique ou d'accouchement dans les trois mois).

Phénomène bruxellois

Les services d'urgences sont encombrés par des affections bénignes qui auraient pu être traitées en première ligne, à savoir par le médecin généraliste", révèle l'étude.

En étudiant les profils de ces patients, la Mutualité socialiste a dégagé plusieurs caractéristiques: les très jeunes enfants (0-5 ans), les jeunes adultes (15-24 ans) et les plus de 75 ans recourent davantage aux services d'urgences que le reste de la population.

Par ailleurs, la majorité des contacts aux urgences (57%) ont lieu en journée durant la semaine sauf pour les nourrissons (0 à 1 an) qui se rendent aux urgences majoritairement (57%) la nuit, le week-end et les jours fériés.

De plus, les plus grands enfants (5 à 19 ans) se présentent nettement plus souvent aux urgences en journée, "période correspondant au moment où ils sont le plus actifs", note la Mutualité socialiste.

Les Bruxellois recourent davantage aux services d'urgences (21%) que les Wallons (19%) et les Flamands (14%). Et c'est également à Bruxelles que le taux de visites appropriées est le plus faible, avec 13% contre 21% en Flandre orientale.


70% des recours appropriés sont suivis d'une hospitalisation, 14% sont des urgences avec salle de plâtre et 5% des urgences psychiatriques.

Les recours appropriés et référés par le médecin généraliste (MG) augmentent régulièrement avec l'âge. "Ce lien entre l'âge et le recours approprié aux urgences traduit donc aussi probablement le fait de disposer d'un médecin généraliste, d'éprouver des difficultés à se déplacer ou d'être institutionnalisé", résume l'étude.

Patients âgés

Au-delà de 70 ans, le recours aux urgences est approprié dans plus de trois cas sur quatre. Pour les enfants entre 1 et 4 ans, le taux de recours appropriés et référés est le plus faible. Pour cette tranche d'âge, seulement une urgence sur quatre non référée est appropriée et une urgence sur dix est référée.

En moyenne, deux urgences sur dix passent par la première ligne (MG ou le service 100, permettant de bénéficier d'un ticket modérateur réduit). Parmi les urgences référées par le MG, près de six cas sur dix sont appropriés, "ce qui démontre que le médecin généraliste joue bien un rôle de filtre en matière de médecine d'urgence", souligne l'étude.

Un patient sur six a eu recours à un service d'urgence de manière appropriée sans avoir été référée. Ces patients - dont les deux tiers ont été hospitalisés - sont donc injustement pénalisés par un ticket modérateur majoré (9,24 euros pour les bénéficiaires de l'intervention majorée (BIM) ou 15,19 euros pour les autres bénéficiaires), estime la Mutualité socialiste.

Trois mesures

Cette dernière propose trois mesures: renforcer la garde de première ligne (en développant un réseau dense de postes de garde de médecine générale, en instaurant un numéro d'appel unique avec un système professionnalisé de tri des appels et en formant les MG à l'urgence afin qu'ils jouent davantage le rôle de filtre), améliorer la collaboration avec les hôpitaux (en levant la pénalisation financière des patients qui se rendent directement aux urgences de manière appropriée sans avoir été référé et en communiquant systématiquement le dossier du patient) et sensibiliser la population à la problématique des gardes (en encourageant notamment une relation thérapeutique stable avec un médecin généraliste dès le plus jeune âge). (avec Belga)
 

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