COP21 : la Belgique gagne "le prix de la honte"

Alors que les gouvernements fédéral et régionaux ne parviennent toujours pas à se mettre d’accord sur un plan de répartition intra-belge de l’effort climatique, les ONG présentes à la Conférence des Nations Unies sur le climat de Paris - et réunies sous la coupole "Climate Action Network" - ont décerné lundi soir à la Belgique le titre peu honorifique de "Fossile du jour". Il stigmatise les mauvais élèves de la classe internationale en matière de climat.

Les ONG justifient leur choix de qualifier la Belgique de "pire pays dans les négociations internationales" par l'absence d'accord intra-belge, malgré six ans de négociations, sur la répartition de l'effort climatique pour la période 2013-2020. "La Belgique est le parfait exemple de ce qu'un pays riche industrialisé ne devrait pas faire en venant à des négociations internationales sur le climat", juge le Climate Action Network.

Et les ONG de souligner en soulignant que "la Belgique est à la traîne par rapport à ses objectifs de réduction d'émissions de CO2 et d'énergies renouvelables, alors que l'Union européenne dans son ensemble parvient à réaliser son objectif relativement faible de réduction des émissions de 23% en 2014".

Les ONG regrettent encore que la Belgique soit en retard pour fournir un financement suffisant et durable pour le climat. Le Climate Action Network, qui compte 950 ONG membres à travers le monde, a enfin déploré que le gouvernement belge ait par contre négocié la prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires de Doel 1 et 2 (photo).

Au cours d'un show humoristique et devant un parterre nourri de spectateurs, la Belgique s'est vu décerner le "Fossile du jour", ex-aequo avec la Nouvelle-Zélande, fustigée quant à elle pour ses subsides aux combustibles fossiles.

C'est la seconde fois que la Belgique est ainsi mise sur le feu des projecteurs par les ONG, qui lui avaient déjà remis ce prix en 2014, lors de la Conférence de Lima, pour dénoncer l'absence de contribution belge au financement climatique international.

La Flandre rejette l’accord des autres gouvernements

Au terme de nouvelles heures de négociations entre les autorités fédérales et régionales sur la répartition intra-belge de l’effort climatique, le gouvernement flamand n’a pas donné son feu vert, lundi soir, à un accord auquel étaient arrivés les gouvernements fédéral, bruxellois et wallon. Son ministre-président Geert Bourgeois (N-VA, photo) expliquait que "le gouvernement flamand a une proposition qui demande des efforts supplémentaires à toutes les entités".

D’après le gouvernement Bourgeois, la proposition des trois autres entités comprenait une lacune dans le domaine des efforts à réaliser en matière d’énergie renouvelable. La Flandre aurait ainsi dû fournir 10,4% au lieu de 10% d’énergie verte, mais aurait reçu davantage pour la vente des droits d’émission (52,5% au lieu de 50%). Les autorités flamandes demandent donc un effort accru aux deux autres Régions et au fédéral. La ministre flamande de l’Environnement, Joke Schauvliege, aurait rapidement signifié aux autres ministres qu’elle ne pouvait défendre auprès de son gouvernement la proposition des autres entités.

Le ministre wallon de l'Energie, Paul Furlan, a estimé ce mardi que le nouveau coup de frein du gouvernement flamand dans les négociations intra-belges "torpille le Premier ministre et la crédibilité de la Belgique". Il craint que la N-VA dissimule le refus de tout accord, mais s'est refusé à refermer la porte des négociations.

Furlan assure que la ministre flamande Schauvliege avait "conclu un accord" le 23 octobre avec les trois autres ministres (Fédéral, Bruxelles et Wallonie) et s'était "engagée à en défendre un autre" ce lundi. Il considère donc qu'il existe "une volonté très claire de torpiller un accord sur le burden sharing". Le ministre wallon espère que la nouvelle proposition flamande, annoncée lundi soir par Geert Bourgeois, sera crédible.

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