Appel à l’aide à Zaventem : "Préservez nos emplois aéroportuaires"

La communauté aéroportuaire de Brussels Airport a réagi collectivement à l’absence de solution apportée pour les normes de bruit de Bruxelles. Des normes qui ont été renforcées et qui risquent d’entrainer de lourdes amendes pour toutes les compagnies aériennes, de cargo comme de passagers, qui ne s’y tiendraient pas. Syndicats et employeurs prennent part à cette action visant à forcer les décisions politiques pour sauver des milliers d’emploi à Zaventem. Plusieurs compagnies aériennes ont déjà fait savoir à la direction de l’aéroport qu’elles n’étendraient plus leur offre, voire même qu’elles envisagent de quitter Brussels Airport, si aucune solution n’est trouvée rapidement.
ERIC HERCHAFT

Sous le slogan "Let us keep our airport jobs" (‘Permettez-nous de garder nos emplois à l’aéroport’), l'entièreté de la communauté aéroportuaire - personnel, syndicats, employeurs, entreprises - mènera dans les semaines à venir des actions pour sensibiliser les preneurs de décisions à trouver des solutions politiques.

Sans solution pour les normes de bruit - préviennent les initiateurs du collectif -, le nombre d'amendes va au moins quintupler, ce qui poussera les compagnies aériennes à opérer depuis d'autres aéroports à l'étranger.

C'est entre autres le cas pour six compagnies cargo qui volent avec des Boeing 747 (photo) qui ne satisfont pas aux normes de bruit. Il s'agit notamment de Singapore Airlines Cargo ou Asiana Airlines. Dès que les amendes entreront en vigueur, ces compagnies cargo partiront. "Cela ne durera pas longtemps", a prévenu Geert Keirens, porte-parole de l'initiative.

Le seul départ des compagnies cargo mènera à la disparition de 3.000 emplois. L'aéroport de Zaventem représente 20.000 emplois directs et 40.000 indirects.

Vols cargo et passagers affectés

En fin de semaine dernière, le CEO de Brussels Airport, Arnaud Feist (photo), a écrit aux 18 membres des gouvernements fédéral, bruxellois et flamand une lettre de mise en garde contre les conséquences de normes de bruit renforcées en Région bruxelloise. Il soulignait que ce ne sont pas que les vols cargo qui risquent des amendes élevées s’ils ne respectent pas ces normes, mais aussi des vols passagers.

Notamment ceux de Brussels Airlines et TUI Fly, qui pourraient devoir payer 62.000 euros d’amende par vol. Selon Feist, certaines compagnies aériennes envisagent ainsi de ne plus voler vers Brussels Airport.

Ryanair n’investit pas davantage à Zaventem

La compagnie irlandaise a annoncé mardi ne pas vouloir investir davantage à Brussels Airport tant que le problème des nuisances sonores générées par l'aéroport n'est pas réglé. Il n'y aura pas de coupes dans l'offre, pour le moment, mais de nouvelles routes ne verront pas le jour dans la capitale bruxelloise. "Nous ne pouvons pas prendre de risque aussi longtemps qu'une solution n'est pas trouvée", insistait Michael O'Leary (photo archives), le CEO de la compagnie présente à Charleroi et Zaventem.

Plusieurs nouvelles routes ont par contre été annoncées par Ryanair pour l'hiver prochain à l'aéroport de Charleroi : Eilat (Israël), Lisbonne (Portugal), Naples (Italie), Plovdiv et Varna (Bulgarie) et Wroclaw (Pologne), pour un total de 69 lignes et de 6 millions de passagers transportés en 2016. "Certaines auraient dû aller à Brussels Airport, mais nous avons choisi de ne pas procéder de la sorte à cause de ces amendes ridicules et d'une loi stupide! ", expliquait Michael O'Leary.

La compagnie low-cost irlandaise, qui représente environ 6.500 emplois en Belgique (4.500 à Charleroi et 2.000 à Zaventem), souligne que ces amendes ne sont pas économiquement viables sur le long terme. Il est difficile de travailler lorsqu'on risque une amende de 6.000 euros, alors que faire voler un avion lui rapporte moins, illustre-t-elle.

Elle pointe particulièrement les appareils décollant entre 6h et 7h du matin et ne comprend pas que les nuisances causées durant cette heure puissent poser problème, même durant le week-end.

Les 14 liaisons de Ryanair au départ de Brussels Airport sont pour le moment maintenues. Elles ont toutes été déplacées au-delà de 7h. "Mais si la situation n'est pas réglée d'ici fin mars, cela aura un véritable impact car il n'y aura pas assez de places pour tous les vols après 7h", prévient Michael O'Leary, qui rappelle en outre les conséquences importantes des attentats du 22 mars sur le secteur et sur l'économie belge dans son ensemble (un milliard d'euros).

Ryanair, première compagnie aérienne en Belgique avec une part de marché de 28% et 96 lignes au total, n'entend pas écoper d'amendes, qu'elle s'engage toutefois à payer le cas échéant. Elle a déjà investi dans des avions dont le bruit causé a été réduit de 93%. Pour "limiter la casse", elle supprimera dès lors les vols qui posent problème. Et les rivaux de la compagnie en feront probablement de même, pense le CEO, citant TUIfly, Thomas Cook ou Brussels Airlines.

"Nous avons besoin de deux aéroports forts en Belgique", insiste encore O'Leary. Pour lui, si aucune issue positive ne se dégage dans ce dossier, cela sera préjudiciable à la fois pour l'emploi et l'aéroport bruxellois, qui perdra de la capacité et du trafic. Plus largement, l'impact sera conséquent pour l'économie belge, prédit Michael O'Leary, qui doit rencontrer mardi soir des représentants de Brussels Airport.

Il a en effet une proposition à leur faire afin d'augmenter le nombre de passagers de Ryanair d'un million à Zaventem, alors qu'elle y en transporte déjà 2,6 millions. Cela signifierait y faire transiter et baser davantage d'avions, mais cela ne peut se faire dans le contexte actuel.

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